Marc-Antoine (Marcantonio) Giustinian
(Venise, 2 mars 1619 - Venise, 23 mars 1688)
Ambassadeur de Venise en France (1668)
Membre du Conseil des Dix
Doge de Venise (1684)
Ambassadeur de Venise en France (1668)
Membre du Conseil des Dix
Doge de Venise (1684)
Bonjour et content de vous retrouver doté de votre connexion, devenue bon gré mal gré, un prolongement des êtres humains contemporains!
RépondreSupprimerMa question: lorsque vous accompagnez les armes d'un manteau (par exemple le manteau blanc pour les doges), est-ce la reprise d'une pratique de l'époque, avec les ornements extérieurs utilisés alors, ou bien sont-ce des ornements que vous considérez logiques eu égard à la qualité des personnages mais sans certitude historique?
Et quid de la différence entre les formes de manteaux (indépendamment des couleurs), par exemple celui-ci, très beau, et celui des ducs d'Empire, un peu plus sommaire?
Bon courage pour la reconstitution des posts programmés!
Le manteau des Doges de Venise à décor d'or est attesté dans les armoriaux du XVIIIe siècle. Après, il est difficile de donner une date précise, d'entrée en usage des manteaux. Sur la base des nombreux armoriaux anciens que j'ai pu rencontrer à travers mes recherches, j'ai pour mes dessins, en particulier pour les séries "armoriaux de" opté pour une entrée en vigueur du manteau vers 1600. Il y a bien entendu de l'arbitraire dans cette date, mais c'est un choix conscient qui doit se comprendre comme s'inscrivant dans une démarche globale de ce que j'appellerai pompeusement celle d'un héraut d'arme. J'entends par là que mon travail n'est pas ici celui d'un simple amateur d'héraldique, qui publierait des dessins réaliser par d'autres, ni celui d'un strict historien- paléographe, qui dans une démarche cette fois historiographique reprendrait de nouveau des dessins réaliser par d’autres. Je conçois ce travail comme visant à former un corpus cohérent, réalisé selon un style homogène, dans une démarche pompeusement pseudo-universaliste. Ici mon modèle, toutes proportions gardées, sera un personnage comme Gelre, qui proposa en son temps un ouvrage sensé couvrir de manière globale l'ensemble de l'héraldique existante. A l'inverse de Gelre, mon travail n'aura évidemment jamais la pérennité et la notoriété dans le temps du sien, mais à l'avantage de lui, avec les communications modernes, chacun de mes lecteurs a la faculté de m'aider, par le partage de son savoir spécifique, à pousser toujours plus loin la fiabilité et l'étendue du travail qu'il me sera finalement possible de proposé.
SupprimerQuant au style des différentes formes de manteaux, eh bien, j'essaie de coller au mieux à celui correspondant aux titres qu'ils représentent. Dans le cas des manteaux des Ducs de l'Empire, il ne faut pas perdre de vue qu'ils n'ont été en usage que durant un laps de temps très bref (entre fin 1808 et 1815), du coup, ils n'ont pas eu le temps d'être appropriés par les héraldistes au-delà du seul dessin proposé par l'héraldiste officiel d'origine. Avec le temps, il est bien certain qu'ils auraient connu les mêmes évolutions que celles que l'on rencontre pour par exemple les manteaux des Pairs de France. Ainsi, cette représentation des manteaux des Ducs de l'Empire est très proche de celle des Ducs et Pairs dans l'Enclyclopédie, autrement dit, elle est dans le style des manteaux de son époque. Seulement, je le répète, comme son usage ne s'est pas prolongé, sa forme s'est retrouvée figée dans le temps.
Un dernier point sur ce sujet, il y a en héraldique de nombreux "juges du style", qui sont, dans leur grande majorité de pur théoriciens de l'héraldique, qui n'ont jamais réalisé de dessin d'armoiries, au-delà éventuellement des leurs propres. Si ces "autorités auto-proclamées de la théorie" s'étaient jamais trouvées dans la démarche d'un héraut d'armes, avec ce que cela suppose de répétition des dessins réalisés, leur discours changerait du tout au tout. J'en parle d'autant plus facilement, qu'il y a encore une trentaine d'année j'étais aussi dans cette démarche, ayant des avis péremptoires sur ce qui devait ou non être. Et puis, je me suis mis à dessiner en série, et j'ai compris l'étroitesse d'esprit des positions que je pouvais défendre jusqu’alors. Un héraut d'armes n'est pas un artiste, avec ce que cela implique de "total free style", il n'est pas non plus un greffier, avec ces contraintes de reproduction stricte. Il est un artisan d'art, il doit respecter des règles, pour être capable de travailler en série, mais doit le faire avec style et esthétique en appliquant davantage un "esprit héraldique" que des règles étroites... j'essaie de faire ainsi.
Voila pour la réponse qui est allée au-delà de votre question et merci pour vos encouragements.